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 En Catalogne, les étrangers s'intègrent par la langue

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AutorMissatge
Rondinaire




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En Catalogne, les étrangers s'intègrent par la langue Empty
MissatgeAssumpte: En Catalogne, les étrangers s'intègrent par la langue   En Catalogne, les étrangers s'intègrent par la langue Icon_minitimeDj Mar 06, 2008 3:40 pm

Cita :
A l'école primaire La Farga, à Salt, les réunions de parents sont compliquées à organiser. Dans cette banlieue de Gérone où les étrangers affluent, l'écoleaccueille 80 % d'enfants immigrés (100 % si l'on compte les Espagnols non catalans). Les parents ne parlent que l'arabe marocain ou le
berbère, l'une des sept langues de Gambie (bambara, wolof, fola,
madega, sara...), le chinois, l'urdu du Pakistan, le roumain,
éventuellement le français et au mieux le castillan s'ils viennent
d'Equateur, de Bolivie ou d'autres régions d'Espagne.

Les instituteurs, eux, ne s'adressent à eux qu'en catalan. Dura lex, sed lex
: dans les établissements publics de la région, l'enseignement se fait
exclusivement en catalan (les élèves apprennent le castillan comme une
langue étrangère). Lors des réunions, le père marocain tente de deviner
quelques mots de catalan qu'il traduit en français à son voisin
sénégalais, lequel l'explique en bambara à sa voisine gambienne... "C'est assez bruyant, convient la directrice de l'école, Gemma Boix. En général, ces réunions se terminent dans le langage des signes, ou en faisant des dessins au tableau."Cette
tour de Babel est un signe de l'Espagne d'aujourd'hui : une terre
d'émigration devenue soudain terre d'immigration, en seulement quelques
années et à grande échelle. Les immigrés n'en sont qu'à la première
génération. Les Marocains sont les plus nombreux, devant les Roumains
et les Equatoriens. Soumise à la dictature franquiste jusqu'en 1975, en
difficulté économique jusqu'à son entrée dans l'Union européenne en
1986, l'Espagne n'a commencé à attirer la main-d'oeuvre étrangère que
dans les années 1990. Au cours des années 2000, le phénomène est
spectaculaire : 794 000 étrangers vivaient en Espagne en 2000 ; ils
sont maintenant 4,5 millions, soit 10 % de la population (13,5 % en
Catalogne). L'expérience est nouvelle et brutale. Elle a pris de court
les pouvoirs publics."Tout est allé très vite", raconte
la jeune maire de Salt, Iolanda Pineda. Salt : 29 000 habitants, dont
30 % d'étrangers recensés, de 75 nationalités différentes, très
majoritairement marocains. Ils travaillent dans la construction,
l'agriculture, le commerce, attirés par le besoin de main-d'oeuvre à
Gérone et les appartements bon marché de Salt, qu'ils ont souvent pu
acquérir grâce à une politique de crédits à faible taux.La maire
déploie une carte de la commune. Salt est divisée en trois zones : au
nord, la vieille ville, où vivent les habitants "anciens". Au centre,
des bâtiments des années 1960 et 1970, construits pour loger les
ouvriers venus d'Andalousie ou d'Estrémadure. Dans les années 1990, "les gens du centre"
se sont déplacés vers la nouvelle ville, au sud, faite de petits
immeubles et d'espaces verts. Dans les bâtiments du centre, dégradés,
se concentrent les nouveaux immigrants.Etrangers et autochtones
ont tendance à vivre séparément. L'école La Farga, comme les autres
établissements publics, est un ghetto pour étrangers, quand les
Catalans se regroupent dans les écoles privées. "Mes enfants ne connaissent aucun Espagnol",
regrette Mustapha Ben Azzouz, marocain, qui tient une boucherie halal.
La récente baisse de rythme de l'économie nationale et la hausse du
chômage, dont les immigrés sont les premières victimes, ne touchent pas
encore les habitants de Salt. La délinquance n'y est pas significative.Mais
pour la première fois, en février, les associations de commerçants et
de voisins de Salt ont rédigé un manifeste. Ils évoquent "l'invasion" étrangère, "la création de deux mondes à part, terriblement éloignés",
les commerces irréguliers, le sentiment d'insécurité. Depuis 2000, en
Espagne, seul le Parti populaire fait de l'immigration un argument
électoral. Les partis d'extrême droite sont quasi inexistants mais un
malaise émerge. La maire socialiste de Salt fait de la "cohésion sociale" une priorité.En
Catalogne, région crispée sur sa singularité "nationale" et que le
succès économique a conduit à devenir la communauté la plus riche
d'Espagne en nombre d'étrangers, la cohésion commence par la langue. Le
gouvernement de Catalogne prépare une "loi d'accueil" qui prévoit
d'obliger les municipalités à diffuser des cours sur la connaissance de
la société et de la langue catalanes. Oriol Amoros, secrétaire pour
l'immigration, insiste : "Le catalan est la langue de la mobilité sociale. Le parler, c'est un signe de prestige."A
Salt, on n'a pas attendu la loi. Les destins mélangés se retrouvent le
soir à l'école des adultes pour apprendre le catalan, accessoirement le
castillan. Layla, une jeune Marocaine, a déjà écrit une rédaction en
catalan pour vanter "la parité hommes-femmes", contre les idées
de sa famille. Elle a appris aussi le castillan et ira étudier à
Barcelone. Laminé, Sénégalais sans papiers, vient d'arriver par bateau
au risque de sa vie. Il ne parle que le wolof. Heureusement pour lui,
il connaîtra bientôt le catalan.

Marion Van Renterghem.Article paru dans l'édition du 28.02.08.
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